Étude
Critique du Coran
Une analyse sémantico-historique et historico-critique de la cosmogonie et de la Genèse selon le Coran.
Cet essai suit une démarche lexicologique et entreprend une lecture critique du sens des versets liés à la cosmogonie coranique, ses allusions à la nature ou des faits historiques, telles qu'elles devaient être comprises suivant la sémantique des Arabes au temps de sa rédaction. L'auteur y analyse de façon systématique le Coran, et veille à rétablir le sens primitif et contextualisé des textes en une étude critique, sémantico-historique. Dans cette fin, une refonte des textes dans leur bassin linguistique et culturel médiéval propre est opérée en arrière plan, selon la démarche linguistique post-saussurienne, et suivant la rigueur historico-critique moderne, prenant en compte des paramètres sémantiques négligés dans les traductions de vulgarisation du Coran tels que la synchronie, la diachronie, après une analyse distributionnelle des significations et des champs sémantiques permettant de repenser le Coran de façon contextuelle comme un Arabe, au temps de sa composition. Tous les versets ne sont pas étudiés ici mais exclusivement ceux liés à des notions existentielles suivant la perception de la nature ou la cosmogonie dans le Coran.
Le Coran tel qu'il nous est parvenu est traditionnellement accepté comme étant fondé sur le codex d'Uthman ibn Affan. La découverte à Sanaa de 926 Corans manuscrits, dont une cinquantaine ont été datés de la première moitié du premier siècle hégirien, a montré que le support consonantique du Coran actuel se révèle fidèle à la version primitive, et entièrement conforté par l'ensemble des manuscrits retrouvés à Sanaa, hormis quelques dizaines de divergences marginales imputables à des erreurs de scribes ou à des variantes secondaires ayant échappé à la standardisation sous Uthman du codex consanantique canonique. Cette découverte majeure a conduit à abandonner la thèse multisourcée et progressive du Coran sur plusieurs siècles soutenue par Günter Lulling, développée par Christoph Luxenberg, et reprise entre autres par Claude Gilliot, quoi que la finalisation de l'écriture arabe a néanmoins duré, elle, plusieurs siècles. Il n'est pas vérifiable que la forme définitive sous sa forme voyellisée est ou non également entièrement fidèle à la version primitive. Toutefois, l'approche du Coran selon la rhétorique sémitique de Michel Cuypers a montré de facon vérifiable que le Coran suit une organisation rhétorique systématique présentant de nombreuses symétries thématiques rigoureuses dans chaque sourate, mais également entre sourates croisées suivant le plan d'organisation chronologique traditionnel du corpus intégral, excluant par là l'hypothèse d'une voyellisation forcée au IXeS sur base du support consonantique originel (le rasm). Demeurent néanmoins quelques versets obscurs divisant les exégètes et linguistes, sans doute imputables à la dérive sémantique de l'arabe littéraire depuis l'arabe liturgique primitif du Coran. La piste d'une lecture sémantico historique et philologique fondée sur un essai de décryptage des versets réputés obscurs en syro-araméen pour y donner un sens intelligible demeure une piste très intéressante. Or, une étude intégrale véritablement scientifique à but scientifique du Coran n'existe cependant toujours pas.
Le Coran contient 324.732 lettres (rasm). 77.934 mots composés à partir de 1726 racines. Le texte original en arabe fait en tout 604 pages selon la pagination traditionnelle arabe classique. Le manuscrit original représentait une trentaine de phonèmes : trois à sept voyelles suivant les idiomes et 28 consonnes, également vocalisées de façons fluctuantes) à l'aide de 13 signes graphiques, variant en fonction de leurs positions dans les mots composés. Etant donné que le manuscrit original ne disposait ni de ponctuation, ni de voyelle, et que les consonnes n'étaient pas encore différenciées au moyen de points et traits diacritiques, le nombre de versets (ayat) varie selon les différentes lectures entre 6.000 et 7.000. On estime qu'il existe environs 30.000 variantes de versets consistant en des différences de lectures, écriture, voyelles, segmentation des propositions, synonymes, etc. Même si le sens de ces variantes n'est jamais très éloigné d'une idée centrale. Le Coran actuel dispose de 114 chapitres (sourates). La tradition divise le Coran en respectivement en 7 parties (manzil), 30 parties (juz) et 60 parties (hizb) qui sont fondées sur un comptage des consonnes subdivisant le Coran pour une lecture rituelle hebdomadaire, mensuelle ou bimensuelle.
Contrairement au style biblique usant abondamment d'allégories de type midrachiques et autres, le Coran est d'un style littéraire très simple et direct, allant au coeur du sujet sans détours. Même s'il n'est pas dénué de figures de styles et de formulations rhétoriques particulières par endroits. Inutile d'y chercher des dates, données toponymiques ou de longues listes de généalogies. Inutile donc d'y chercher des anachronismes réfutables. Le mélange subtil des idées présentées le long du livre interdit de même en pratique la possibilité d'y déceler des contradictions, chaque contradiction apparente pouvant être très facilement et avec une souplesse presque spontanée, comprise tout autrement -l'auteur du Coran étant, à contrario des rédacteurs de la Bible unique. Le caractère polysémique conduisant à des possibilités de compréhensions sémantico-cognitives qui se vérifient respectivement comme litterairement valables étant quasi exponentielles. Au fil de la lecture, les lecteurs se rendront compte que beaucoup de passages rejoignent des croyances anciennes semblables à ce qui est raconté dans le Coran, des descriptions très intuitives qui séduisent par leur simplicité un lecteur arabophone. L'inspiration, quant elle est dénuée de longs verbiages mène à des conclusions souvent très pertinentes et fiables. De nombreux penseurs musulmans ont utilisé habilement cette particularité du Coran à presenter les choses avec éloquence et de facon très simple, pour y chercher des preuves scientifiques d'une origine divine du Coran. Tandis que si miracle il faudrait chercher ce serait peut-être dans ce style très simple d'une étonnante facon de présenter les choses de facon si rudimentaire et intuitive, qu'il devient prèsque inutile d'y chercher des erreurs.
Cette simplicite du Coran -livre fondateur du monde musulman- a, semble-t-il, épargné au monde musulman de nombreux conflits avec les sciences -malgre des réticences et objections de certains théologiens conservateurs fermés au progrès-, permettant souvent aux penseurs de développer des sciences et des philosophies compatibles avec le style très souple du Coran, là où plusieurs autres civilisations peinaient à concilier la religion avec les sciences profanes et éxperimentales par rapport à leurs écritures saintes. Cette souplesse particulière du livre sacré de l'islam, et la tolérance en général envers les peuples du livres -Juifs, chretiens mais aussi, zoroastriens, hindouistes et bouddhistes- a permis au monde musulman de développer l'une des civilisations les plus riches en matières de sciences dont nous récoltons encore beaucoup de fruits dans le monde moderne de ce début de siècle. Un travail scientifique et linguistique du Coran permettra sans doute de se démarquer des lectures apologétiques pseudo-scientifiques des concordistes, comme du rejet systématique et sans véritable argumentation ni objectivite véritable de cette particularité du Coran notée chez leurs détracteurs anti-concordistes, généralement également éloignés du monde académique qui se tient, lui, plutôt en démarcation de ces deux bornes. Cet essai de lecture scientifique du sens primitif des versets tel qu'il devait être compris par les contemporains du Messager permettra aux lecteurs de confronter le Coran avec les données scientifiques de facon organisée. Du moins à partir des essais de traductions fondés sur les approches liturgiques traditionnelles et une relecture philologique également confrontée aux langues soeurs anciennes et les écrits rédigés dans toutes ces langues.
Hathor sémitique du Sinaï, un témoignage que les peuples sémites du Sinaï écrivant du proto-hébreux vénéraient Hathor à l'époque ramesside.
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Introduction
Le Coran est le livre sacré de maintenant environs un milliard trois cent millions d’hommes en ce debut de vingt-et-unième siècle. Des ouvrages divers traitant du livre existent depuis l’époque de sa rédaction qui suscitent une grande émulation multi-disciplinaire chez beaucoup de chercheurs s’y interessant. Pourquoi avons-nous entrepris ce nouveau travail sémantico-lexicale et historico-critique du Coran ?
Plusieurs penseurs ont déjà cherché à comparer spontanément des corrélations entre le Coran et certaines théories modernes. Y décrivant un miracle surnaturel inéxplicable. D'autres ont logiquement rejeté une telle thèse qui témoigne d'un manque de démarcation scientifique et incompatible avec une démarche neutre. En nous penchant sur la question, nous avons voulu comprendre ce qui se passait. Il fallait tout reprendre à zéro et faire une véritable dissection du livre de facon rigoureuse et scientifique.
Pour bien comprendre comment faire une critique objective du Coran, il faut tout d’abord se pencher sur l’historique de la rédaction et l’exégèse coranique. Notre étude s'organise autour du sens primitif fondé sur l'approche lexicologique de même qu'à la langue arabe fus?a contemporaine ayant servi de point d'accroche par défaut aux nombreux essais de traductions de vulgarisation modernes croisés entre eux et inspirés des exégètes musulmans médiévaux.
Historique sur la conception, la conservation et la lecture du Coran :
La récitation et la compilation du Coran selon la tradition musulmane :
Selon la tradition musulmane, au commencement, le Coran était dicté progressivement par le prophète Muhammad : (Cor. 27,106) et les fidèles présents alors connaissaient les circonstances dans lesquelles les versets étaient dictés. Ceux-ci maîtrisaient de même naturellement la langue arabe et la sémantique de cette langue, ils en maîtrisaient le sens, limpide : (Cor. 19,97), (Cor. 26,192-195). Parfois, le Prophète leur donnait en plus de cela certaines explications supplémentaires concernant des versets : (Cor. 10,39).
Le Coran qui était mémorisé : (Cor. 33,34) et transcrit sur divers types de supports : (Cor. 25,5) & (Cor. 98,2), aurait été compilé intégralement sous le Califat d'abu Bakr (entre H. 11 et 13) et conserve chez le Calife, pour être plus tard conforté par une seconde compilation de vérification sous le Califat d'Uthman ben Affan (en H. 25), le troisième Calife, pour être multiplié -nous rapporte la tradition musulmane- en huit exemplaires distribués dans les grandes métropoles musulmanes d’alors, afin de pouvoir être accessible chez la population depuis ce codex de référence. L'analyse des manuscrits de Sanaa semble témoigner selon de nombreux experts que le rasm consonantique du Coran actuel est fidèle à la version officielle disponible dans la première moitié du premier siècle hégirien, celui des premiers Califes.
Les méthodes de l’exégèse coranique :
Pour ce qui est de l’exègese du Coran, il semblerait que les enseignements du Prophète étaient mémorisés ou soigneusement tenus semble-t-il sur des supports distincts de celles des versets du Coran –après une autorisation de les écrire venant parait-il du prophète Muhammad-, afin de ne pas risquer de déformer le Coran. Toujours d'après la tradition, les hadiths étaient dejà écrits par certains compagnons du prophète dont abu Hurayrah –sur des tas de feuilles dans un coffret-, Ali –plusieurs hadiths dans la gaine de son sabre -el Bukhari-, Amr ibn el-As –quelques hadiths sur des rouleaux- etc. Nous allons faire quelques explications au sujet de la science du hadith à la fin de notre étude, car l’étude historico-critique et philologique du Coran passe par la confrontation du Coran à ces écrits rapportés dans les ouvrages classiques médiévaux. Enseignements auxquels nous avons donc également fait appel dans notre présente étude au sujet des versets analysés ici pour les disposer dans leur contexte propre, ces écrits y étant pour le moins historiquement rapprochés sur le plan sémantico-historique. Cependant, les plus anciens manuscrits de hadith et d'exégèses sont beaucoup moins anciens que les dates supposées de leurs rédactions. Ainsi le plus ancien manuscrit du Jami'ul-Sahih de Bukhari remonterait au XIIeS.
Après le décès du Prophète, ses disciples (appelés compagnons), de même que la seconde génération, suivaient semble-t-il la même méthode que du vivant de celui-ci dans l’appréhension et la compréhension des sens des versets -l'usage d'allégories étant pratiquement totalement absent des commentaires et ce dès Tabari dans son 'Jâmi'ul Bayân fî tafsîr'il Qur'ân' une conséquence toute naturelle de rudesse de la pensée bédouine, foyer historique de la langue arabe-; Mais certains y ajoutaient apparemment déja des croyances de l’époque : la terre serait plate, bordée des mers et le ciel serait une coupole, parfois présente comme une croyance Arabe mais probablement une influence aristotélicienne postcoranique), judéo-chrétiennes (le recit d’un chrétien inconnu racontant que ce serait une autre personne qui aurait été crucifiée et non Jésus, rapporté d'après ibn Abbas), ou sumériennes (le conte de Gilgamesh pour le récit de Moise de la sourate XVIII intitulée la caverne, citée par un tabi’i nomme Nouf el Bakali, qui contrevient aux explications prophétiques rapportées dans le fameux 'el-Jâmi’ us-sahîh d’el-Bukhari' -voir infra). Mais le plus souvent, les compagnons citaient les circonstances de la révélation de certains versets ou des explications du Prophète; faute de quoi ils interprétaient les versets en substituant des synonymes à certains mots dans l’élucidation des sens des versets pour les faire saisir à ceux qui les interrogeaient tels qu'eux le comprenaient. Il parait manifeste qu'une interaction ait eu lieu entre la finalisation des variantes (qira'ah) du Coran et des hadiths, peut-être dans les deux sens parfois ? D'où l'importance de s'intéresser à la tradition pour décrypter le sens primitif de certains passages du Coran.
La science de l’exégèse au cœur de la science du hadith :
Durant les deux premiers siècles, il semblerait que les enseignements du Prophète et de ses compagnons aient été compilés sans tri ni distinction dans des ouvrages nommés Sunnan et puis Musnad, mais avec la citation, avant les hadiths, mais non encore de façon systématique, de la chaîne des transmetteurs de sorte qu'il soit possible d'identifier chaque source, puisque des intrus auraient commencé à inventer des hadiths. La richesse des variantes des hadiths des Sunnan témoigne en tout cas clairement du parti pris de milliers de hadiths devant favoriser telle ou telle secte paleo-islamique.
Deux ouvrages de hadith classiques parmi les plus influentes sur le plan historique :
1/ Le fameux Muwatta de l’Imam Mâlik (H. 93-179) est l’un des plus anciens ouvrages de hadith encore disponible actuellement sous certaines variantes ; il contient 1.720 hadiths, 600 de ceux-ci comportent déjà une chaîne de transmission complète, 300 comportent une chaîne incomplète et le reste consiste en des paroles des disciples du Prophète. 70 des hadiths du Muwatta sont considérés faibles selon les investigations des analystes musulmans indépendament de toute critique externe. Parallèlement, des savants du hadith travaillaient déjà pour élaborer des règles plus ou moins sévères pour l’admission d’un hadith comme étant sain et acceptable et émettaient des critiques au sujet des hadiths en fonction de ces critères dans des exégèses des ouvrages de hadiths nommés charhs. Des critiques qu’ils incorporaient aux ouvrages mêmes de hadiths dans des manuscrits –voir infra, en fin de travail à ce sujet.
2/ el-Bukhârî (H. 194-256) établira, quant à lui, un tri très méticuleux des paroles les plus essentielles du prophète Muhammad et qui seraient vérifiées fondées selon la fiabilité de leur transmission et en fonction des rapporteurs, rejetant de son travail les hadiths qui ne répondaient pas aux critères de fiabilités ainsi élaborés par ses prédécesseurs, et poussés à l’extrême de sa part pour l'époque. Celui-ci organisera de même son œuvre maîtresse, son fameux el-Jâmi’ us-sahîh, de façon ingénieuse : par chapitres ; et il établira, pour la première fois semble-t-il, un chapitre à part concernant les hadith traitant du Coran. Ce chapitre intitulé tafsîr-ul qur’ân peut être considéré comme l’un des ancêtres de l’exégèse écrite du Coran appelé en arabe tafsîr. L’auteur aurait de même rédigé une exégèse du Coran qui si elle a vraiment existé est malheureusement perdue (or il est plausible que cette mention se réfère au chapitre dédié à ce thème dans son oeuvre maitresse sus-mentionnée).
Le Sahîh d’el-Bukhârî est considéré par les musulmans sunnites comme le livre le plus fiable après le Coran, car les critères imposés par ce chroniqueur pour accepter un hadith étaient extrêmement durs et parce que ses sources sont toutes connues et semble-t-il vérifiables. Chaque maillon de la chaîne des rapporteurs étant connu et répertorié dans des ouvrages spécialisés dédiés. Néanmoins, d'un point de vue de la critique historique cette méthode est largement insuffisante pour pouvoir affirmer que les hadiths ainsi authentifiés sont forcément authentiques, le fait d'établir l'origine d'une information ne disant rien de trop strict sur ce que le texte a pu subir en cours de route, selon la compréhension des différents maillons de la chaîne de transmission, et sur la déformation du sens des hadiths sur ce chemin, les variations des dits hadiths étant un fait acquis temoignant de l'éloignement potentiel du sens originel des propos exacts du Prophète.
L’exégèse du Coran finalement séparée des ouvrages de hadith dans des livres spécialisés :
Plus tard, il semblerait que des savants suivant cette méthode originale élaboraient finalement des ouvrages d’exégèse spécialisés, en dehors des ouvrages traitant proprement du hadith, traitant désormais spécifiquement des explications des versets par le prophète et ses compagnons, ainsi qu’avec des croyances de leurs époques, et occasionnellement des avis personnels. Les versets étaient parfois de même étudiés à l’ombre de hadiths faibles voire même non fondés même chez des exégètes de grande renommée. La maîtrise de la science du hadith n’étant pas forcée pour ce qui est l’exégèse du Coran.
Il aura existé des exégètes lui étant antérieurs, mais l’historien et savant ibn Jarir al-Tabari (H. 216-301) est l’auteur de l’œuvre majeure d’exégèse la plus célèbre que nous possédons encore. Du moins une version de son œuvre originale, sans doute retouchée, et à défaut d'un manuscrit original. L'exégèse de Tabarî, plutôt élaborée, trace les grands axes de ce que sera l'exégèse coranique déjà chez la version de l'exégèse telle qu'elle nous est parvenue. Il semblerait, à vrai dire bien, qu'il a donc dû lui préexister d'autres ouvrages sans doute beaucoup moins sophistiqués en la matière, comme ceux de la liste d'ouvrages d'exégèses infra, dont mention est faite dans les ouvrages classiques médiévaux mais dont nous ne possédons que des copies bien postérieures à la date présumée de leurs rédactions.
Liste chronologique des plus anciens exégètes dont nous possédons des leçons du Ie au IVe S :
Il est à souligner que ces ouvrages sont pour la plupart des recensions de citations attribuées à ces exégètes à travers la littérature exégésique ou des exégèses partielles. La plus acienne exégèse intégrale compilée par un de ces auteurs, dont nous possédons encore des exemplaires serait celle de Tabari (310H). Depuis, nous trouvons dans les livres exégétiques des explications ptoléméennes, des croyances populaires judéo-chrétiennes, des mythes arabes païens et des approches individuelles ou propres à certains courants de pensée à tendence mystique, philosophique, scolastique, ou autres. Et cela dans la plupart des exégèses dont nous disposons. Y compris parmi les géants de l’exégèse coranique dont même al-Tabari (H. 216-301), ibn Kathîr (XIIe siècle), ou Qurtubî (H. ? 585-671) parmis les plus cités ne sont pas totalement exclus.
L'approche moderne du corpus du Coran selon la rigueur scientifique contemporaine :
Si donc les anciens ont introduits des croyances étrangères dans leurs exégèses en y ajoutant des explications séculaires, pourrions-nous faire une critique contemporaine basée sur des hadiths et en nous fondant cette fois sur des connaissances plus récentes en épurant les versets des interprétations postérieures au prophète Muhammad pour recontextualiser philologiquement le Coran suivant les méthodes modernes et sémantico-cognitives ?
En fait, le Coran est étudié classiquement selon plusieurs méthodes basiques : la langue arabe –il existe des exégètes qui n’ont étudié le Coran que par l’étude linguistique, comme al-Jalâlayn-, les circonstances de la révélation –asbâb an-nuzûl-, suivant les commentaires du Prophète selon les tradition et en comparant des versets les uns avec les autres –tafsîl-, ou encore par l’exemplification personnelle –voir infra le cas du verset (Cor. LV : 7-8). Les compagnons du Prophète auraient appliqué chacune de ces méthodes. Des études plus originales comme celle de Maurice Glotton sur l'approche grammaticale et lexicale du Coran sont d'une aide précieuse dans notre critique scientifique du texte du Coran.
Fahrûddin er-Râzî (H. 544-606) est l’un des exégètes anciens qui a fait une étude rationnelle du Coran au XIIe Siècle. Quant à nous, nous proposons de critiquer le contenu du Coran selon la linguistique ; de même que nous comparerons le sens des textes avec la paléographie, l’archéologie, ., s’il s’agit de faits historiques, selon l’observation scientifique en laboratoire s’il s’agit d’événements qui continuent actuellement, etc. Nous n’abordons pas ici les versets relatifs aux domaines de la jurisprudence, de l’éthique, de la doctrine, (croyances en les Qualités de Dieu, la nature des révélations etc.), ., qui débordent du domaine des sciences positives. Donc nos explications considèrent le sens littéral du texte tel qu'il devait être compris par les contemporains du Prophète, même s’ils sont parfois, naturellement, en contradiction avec des explications plus anciennes fondées sur des croyances plus anciennes, postérieurs au Prophète. Rappelons-nous cette parole de Mâlik ibn Anas (H. 93-179), qui, parlant du Prophète gisant dans sa tombe dit : « La parole de toute personne peut être prise ou rejetée, exceptées celles de celui qui gît ici. ». Que nos amis musulmans ne nous tiennent donc pas rigueur de ne pas tenir compte des explications des commentateurs musulmans quand ceux-ci ne sont pas confortées par la critique lecicologique avancée. Ce n'est pas l'objet de notre étude. Répétons-nous, ceci n'est pas un ouvrage de théologie, mais une lecture strictement positive.
Cette présente étude se veut ainsi exposer d'une manière exhaustive tous les thèmes traités dans les versets du Coran qui permettaient une critique positive, dans l'ordre de leur situation dans le livre saint, et veille à énoncer de façon relativement simple et accessible l’approche scientifique moderne qui concerne chaque thème considéré tout au long de notre lecture du Coran. Nous allons nous efforcer de contextualiser les versets selon les commentaires attribués au Prophète en prenant en compte le contexte admis généralement pour chaque verset selon les anciens commentateurs comme Tabari ou ibn Kathir. Cette étude critique consiste en une confrontation contemporaine du contenu des versets du Coran et des domaines qui y sont abordés avec les acquis scientifiques et exacts de notre époque. Comparaison sévèrement critiquée par certains intellectuels, mais que permet effectivement la voluptueuse simplicité si intuitive du livre saint, sans que cela ne soit du tout un signe de miracle, mais plutôt peut-être une conséquence due à la simplicité, voire la rudesse du corpus du texte, et à son éloquence déroutante.
Nous avons organisé notre travail en quatre parties : l’astronomie, la géologie, la biologie et la chronologie, de sorte à rendre ces domaines fondamentaux -qui sont les plus largement concernés dans notre relecture moderne du Coran- plus faciles à comprendre. Insistons encore une fois sur le fait que quoi qu'abordant des thèmes existentiels se rapportant à l’astronomie, la géologie ou autre, le Coran n'est pas un manuel scientifique. Puisque ces sciences sont apparues et ont été développées bien plus tard.
Nous avons voulu souligner la particularité stylistique, rhétorique et rationnelle du Coran, et faire une critique scientifique du livre sur ses aspects traitant des domaines existentiels tels que la cosmogonie coranique, les descriptions de la nature ou les récits des anciens, que permettaient de critiquer chacunes de ces branches modernes des sciences expérimentales, et avons mentionné ce qu’en disent les données scientifiques qui ont été obtenues positivement. En sorte d'évaluer d'une part la part de la validité de certaines approches concordistes de façon réfutable, et de souligner d'autre part que la tendence à vouloir tout dénier en bloc est également une approche erronée anti-historique.
Nous avons également établi en annexes un lexique pour faciliter la compréhension de cette étude et une bibliographie à été ajoutée pour ceux qui désireraient vérifier certaines de nos sources écrites dans les domaines abordés ici ou qui voudraient encore approfondir leurs connaissances dans des domaines traités ici.
Nous avons par ailleurs privilégié la mention des équipes de chercheurs et les universités concernées lorsque nous avons fait mention de données scientifiques moins connues hors des cercles académiques, au lieu de nous référer aux sources de publications à comité de lecture. Permettant ainsi à chacun de vérifier les informations, sans devoir se procurer des articles souvent difficiles d'accès mais mentionnés néanmoins dans des revues scientifiques de vulgarisation moins prestigieuses souvent disponibles sur la toile. Une des philosophies directrices de cet essai étant la libre circulation des connaissances.